vendredi 17 mai 2013

Chapitre 10 : Un réveil funeste

Les chairs et l’armure endommagée de Gemstlear se reformèrent pendant que les dieux, d’un pas lent et désinvolte, avançaient vers la dernière armée. Les servants de Sanctus n’étaient pas impressionnés : mourir n’était pour eux qu’un faible prix à payer pour combattre le mal. Ils chargèrent. Les sombres divinités furent vites au cœur d’une armée d’armures étincelantes et de guerriers exceptionnels. Le combat était d’une brutalité extrême et les lames des deux incarnations du chaos eurent fort à faire. Les hommes mourraient lentement les uns après les autres. Du coucher au lever du soleil, le combat se poursuivait. Les quelques fanatiques qui restaient furent balayés pour faire place à un duel entre grands maîtres et dieux.
— C’est un honneur de vous combattre servants de Sanctus, dit Zratch en croisant son épée avec son adversaire.
— Un honneur que je ne partage pas! Aussi puissant que vous soyez, vous n’êtes qu’une plaie, qu’une pustule portant ombrage sur ce monde et suintant sa colère éternelle sur ce que vous étiez avant. Vous êtes honoré de confronter l’Ordre pour l’unique raison que nous sommes ce que vous étiez et ce que vous regrettez ne plus être… Nous sommes votre défunte vertu!
Ces paroles mirent le dieu de la guerre dans une rage folle au point qu’il ne voulait plus seulement tuer ce maître, mais souhaitait le détruire et l’humilier. Sa colère était si grande qu’elle l’aveuglait lui faisant perdre tranquillement l’avantage. L’épée bénite trancha les muscles des cuisses, faisant lourdement tomber l’être des ténèbres sur le sol. Un coup supplémentaire le désarma et le puissant membre de l’Ordre s’apprêta à lui donner le coup de grâce.

samedi 4 mai 2013

Chapitre 9 : La fin du monde

Ça fait longtemps, j'imagine que c'est le problème lorsque l'on a trop de projets qui nous tiennent à cœur. Voici donc la reprise de mon travail de réécriture qui, je l'espère, se poursuivra jusqu'à la conclusion de ce premier tome.



            Les Ornaca soignaient leurs blessures quand le sol se mit à vibrer. Ce n’était pas un tremblement de terre : c’était le frisson d’un monde sous les pas d’une horreur qui avançait sur lui. Une marée de créatures informes munies de crocs et de griffes d’un tranchant extrême se dirigeait sur eux. Le nombre était tel que les guerriers et guerrières devaient combattre tout en reculant pour ne pas être encerclés. Ils reculaient, reculaient et reculaient jusqu’à être acculés au pied d’une paroi rocheuse. Coincés dans un goulot, ils durent faire face à d’incalculables ennemis.
            Les haches et les pointes des flèches semaient la mort avec une étonnante efficacité. Une grande quantité de corps inanimés jonchaient le sol, donnant l’impression que les créatures devaient franchir une montagne. Les femmes vinrent à manquer de flèches, la puissance magique d’Omra avait faibli et la force des hommes commençait à les trahir. Seul Szan se battait encore, tranchant ses ennemies avec fureur.

[...]



            Les Phra contemplaient l’amas de cendres qu’avait laissé le sortilège du grimoire se demandant comment faire face à une telle puissance. Leur cogitation fut coupée par l’arrivée des mortrolks. Ces créatures étaient impressionnantes, mais elles n’effrayèrent pas les guerriers en armure lourde. Ceux-ci foncèrent dans un combat qui semblait suicidaire. Or Phra et ses hommes étaient des guerriers chevronnés habitués aux combats contre des forces massives. De plus, ils savaient comment frapper pour diminuer drastiquement les forces adverses.
            Tous les combattants chargèrent la créature la plus proche d’eux, la frappant au niveau des jambes : sectionnant les tendons, déchirant les muscles, certains entaillèrent même les os. Le mortrolk tomba lourdement. Phra lui donna le coup de grâce en lui plantant son épée dans la nuque, sectionnant la colonne vertébrale en arrachant le dernier cri d’agonie au monstre. Ce cri fut comme l’olifant qui poussa tous les autres à attaquer. Les Phra se dispersèrent et combattirent chacun une créature. Pour chaque monstre terrassé, trois ou quatre autres arrivaient dans la bataille. Les hommes pris au cœur du combat commençaient à douter de leur survie. Mais il n’était pas question de s’avouer vaincus, du moins pas avant que la mort ne les touche.

mardi 8 novembre 2011

Chapitre 8 : Percer le coeur des ténèbres


            À la suite de ce raid, tous les bataillons du royaume des nains étaient en alerte bien que personne ne connaissait l’auteur de l’attaque. Ce n’est que deux jours plus tard qu’on le découvrit.
            Le nombre de soldats avait été doublé dans les tours et des bataillons entiers furent postés un peu plus loin de la frontière pour répondre promptement à l’alarme d’une intrusion. Un cor confirma la rumeur portée par le vent, annonçant l’approche des forces du Chaos menées par le sinistre Zratch.
Les bataillons avaient répondu à l’appel et attendaient près de leur frontière avec une grande nervosité provoquée par le bruit sourd des pas et le cliquetis des armes et des armures. Lorsque les deux armées se trouvèrent face à face, les nains chargèrent, brandissant leurs haches pour aller au-devant de leur propre mort. Le paladin déchu observait cet assaut désespéré avec amusement : il se disait qu’envahir ce royaume ne serait pas dénué d’intérêt en fin de compte.
Le sinistre personnage dégaina son épée, geste imité par ses hommes qui devenaient de plus en plus fébriles, puis la leva déclenchant le grondement des cris de guerre du Chaos. Ces hurlements terrifiants ne diminuèrent pas l’ardeur de la charge des petits hommes. Mais lorsque l’épée du sombre paladin s’abaissa, les troupes chaotiques foncèrent et brisèrent la ligne adverse pour entrer dans une mêlée sanglante. Bien que les nains fusent en infériorité numérique, leur force brutale et leur exceptionnel talent au maniement de la hache leur permirent de dominer le combat.
La victoire semblait presque à leur portée. C’est alors que Zratch engagea le combat et les pauvres nains ne purent rien contre ce dieu; son arme massacrait des dizaines de guerriers à chaque mouvement. À lui seul, il avait réduit cette défense des nains en un amas de cadavres mutilés baignant dans des mares de sang.

[…]

Zratch soulevait par le cou un des fanatiques tout en bloquant les coups des deux autres membres de l’Ordre.
            — Voilà tout ce dont les servants de Bellator sont capables, s’esclaffa le dieu?
            La dernière parole fut étouffée par le cri de la charge des onze membres de la délégation qui fonçaient en renfort. Le puissant guerrier du Chaos manipulait son épée comme un fou. Il ne s’amusait plus, il se battait pour rester sur terre. Il ne leur laissait plus aucune chance de l’approcher, usant de l’ensemble de ses pouvoirs pour tenir en respect ses adversaires. Une volée de flèches attira son attention suffisamment longtemps pour que l’épée d’un Éperion fende son armure et entaille sa chair. Zratch pivota plusieurs fois sur lui-même en faisant tourner son arme autour de lui, repoussant la troupe pour ensuite prononcer un mot de pouvoir et bondir trois-cents pas plus loin. Sa blessure et son armure se refermaient toutes seules, ressoudées par une lumière de magie impie d’un noir violacé.
            Son bond avait attiré l’attention d’un nombre conséquent de soldats de l’armée chaotique qui se ruèrent à la protection de leur chef. Les archers encochèrent le plus de flèches possible pour faire barrage pendant que leurs neuf compagnons chargeaient le dieu. Le mage signa dans les airs et fit un saut spectaculaire pour frapper Zratch pendant qu’il rassemblait ses forces, mais le bâton ne toucha que le sol créant une fissure dans la roche. Le maître de guerre démoniaque fut très loin de se laisser surprendre; d’un coup d’épée, il brisa le bâton magique et, d’un coup de pied circulaire, envoya le mage à plus de soixante pas, lui faisant perdre connaissance tant le choc était violent.

mardi 25 octobre 2011

Chapitre 7 : Quêter sous le poids du monde


Ce chapitre narre les incessants combats d’un talentueux groupe de guerriers qui doivent retrouver un précieux artefact pour sauver leurs proches du dieu de la guerre. On découvre aussi une partie de la force et du machiavélisme de l’antipaladin Zratch.


            Le duo arriva dans une pièce où se trouvaient trois sous-officiers du Chaos armés d’arc. Il y avait une porte adjacente d’où sortirent un caporal et quatre soldats. Le tueur écarlate planta son épée dans la gorge du caporal et enchaîna en frappant furieusement sur les soldats pendant que l’archer échangeait des flèches avec ses adversaires. Il esquiva trois traits, exactement le nombre qu’il avait encoché; ses flèches se plantèrent dans la tête des archers ennemis. Le combattant déchaîné frappait avec son épée, ses poings, ses pieds, ses genoux, ses coudes, sa tête, acculant ainsi ses ennemis au mur pour les décapiter tous en un unique mouvement. En voyant la pièce, le duo trouva une arbalète vampirique : une arme qui alliait la puissance et la précision d’un grand arc et permettait de tirer deux flèches sans recharger.
            Les arlequins venaient tout juste de tuer trois caporaux lorsqu’ils entrèrent dans une salle où se trouvaient cinq autres hommes du Chaos. Les combattants se mirent à bondir de tous bords, de tous côtés, se servant des murs pour augmenter l’amplitude et la puissance de leurs coups de pied. Les acrobaties étaient si rapides, si nombreuses que les membres du Chaos ne purent absolument rien faire et se firent tuer, impuissants. Quelque chose les attira au fond de la pièce, une épée ténèbres accrochée au mur, une arme particulière issue de la magie du Chaos, utilisée par ses meilleurs combattants et qui pouvait aspirer l’âme d’une créature touchée si son utilisateur le lui commandait. C’est ce qui le rendait à chaque fois plus solide, plus légère, plus tranchante. Un des hommes la prit et l’attacha dans son dos.

[...]

            La troupe retournait à la citadelle Zratchanite quand une créature se jeta devant elle. Elle dépassait les hommes d’une tête, avait une forte musculature et possédait quatre bras dont les mains étaient munies de trois griffes faisant office de doigts. Sa peau était un cuir dur et bleu, ayant la surprenante capacité d’imiter les couleurs environnantes, lui conférant une certaine invisibilité.
— Je ne vous laisserai pas remettre cet artefact aux mains du Chaos!
— Suis-je le seul à l’avoir entendu dans ma tête, questionna l’assassin?
— Non! Tu n’es pas le seul, mon peuple s’exprime par la pensée. Je ne peux pas lire dans vos esprits, mais je peux l’entendre quand vous parlez.
— Nous sommes contraints de lui remettre, il retient nos familles en otage et nous ne pourrons jamais partir d’ici, répondit le tueur écarlate.
— Vous n’êtes pas conscient des atrocités que peut déclencher le calice entre les mauvaises mains : tous les mondes existants seront annexés au Chaos, tous les êtres vivants qu’ils portaient seront envoyés en enfer. Une guerre ouverte entre les ténèbres et la Lumière éclatera. Ce sera la fin de toutes vies, de toutes existences et le début de souffrances éternelles. Mais bien avant cela, vos cœurs deviendront vides et se dessècheront, vous n’aurez plus qu’une sensation amère. Tout ce qui pouvait vous donner un peu de bonheur s’évaporera et vous ne goûterez plus qu’au malheur, à un point tel que vous massacrerez et mutilerez tous ceux qui vous étaient chers. Vous donneriez cet objet pour obtenir votre liberté, mais tout ce que vous pourrez obtenir serait le plus cruel des asservissements.
— Mais alors… que pouvons-nous faire, demande l’archer?
— Trouverez comment utiliser le calice contre Zratch, trouvez comment le renvoyer dans le chaos, ou tout sera perdu à jamais.

            La troupe retourna à la citadelle, ils avaient tous le regard sombre. Ils s’étaient battus avec acharnement dans l’espoir de sauver la vie de leurs proches ainsi que leur propre vie. Mais ça leur était devenu insignifiant, car même si Zratch leur laissait la vie sauve, ça ne serait qu’un faible répit avant de tomber dans des horreurs innommables. Que pourrait-il faire contre le dieu le puissant et le plus cruel qui soit? Comment pourrait-il accomplir ce que personne n’avait pu accomplir?